Château et Manoir
Demeure féodale fortifiée au Moyen Âge, entourée de fossés et de remparts, appelée également château fort, le château est devenu Palais, habitation d’un roi ou d’un seigneur entouré de jardins ou d’un parc. A partir du XIXième il représente une grande et belle demeure à la campagne, ou vastes domaines telles ces riches propriétés viticoles réputées pour leurs grands crus. Un manoir est la résidence ou la demeure d’un noble. Le bâtiment est parfois désigné par « gentilhommière », l’habitation d’un gentil, c’est-à-dire d’un noble de naissance. Avec son allure de petit château implanté sur un fief ou un domaine, dans un village ou un hameau, c’est souvent la bâtisse la plus vaste et la plus belle du lieu. On peut distinguer un manoir d’un château par le fait que l’exploitation agricole était essentielle pour le manoir et gérée directement par son seigneur qui n’avait pas le privilège d’exercer des fonctions plus honorifiques, militaires ou administratives. Par extension, le terme « manoir » a pu désigner toute demeure de maître ou d’agrément, de quelque importance, entourée de terres cultivées, remarquable parmi toutes les autres habitations de l’endroit.
A Guipronvel, les recherches effectuées par Jean Lescop, historien de la commune, ont permis d’attester que dans un passé parfois très ancien, sept châteaux et manoir ont occupé le territoire de Guipronvel. Si les noms des lieux qui ont vu ces domaines sont toujours usités, seul le manoir de Trémobian rebâti au XIXième et plus récemment rénové, est encore présent.
Château de Trémobian
Son histoire est liée à celle de la famille de Kergadiou, issue du château de Kergadiou en Plourin, qui y résida de l’an 1400 environ à la Révolution de 1789. Guy de Kergadiou, Seigneur du dit lieu et de Trégarn, né à Plourin, fut le fondateur de la branche de Trémobian avant 1400. Celle-ci s’est fondue dans celle de du Bois de Maison Fort en 1752. Les documents de la période 1400 à 1600 parlent de « Monsieur détromabihan de Kgadiou* à la terre détromabihan », qui signe « Atromabihan », sans préciser le prénom (Atramabihan pourrait être « Aotrou », Monsieur mabihan). * Jusqu’à la fin du XIXe, on écrivait encore K pour Ker.
Les armoiries des de Kergadiou : fascé ondé d’argent et d’azur, au franc-canton d’hermines (sceau de 1404). Devise : «De bien en mieux ». Les armes des de Kergadiou ont inspiré le blason de Guipronvel.
Le manoir actuel date de 1860. L’ancien se situait plus près de la ferme et du moulin. Un titre de propriété de 1861 et un autre de 1919 désignent ainsi les immeubles : – Le manoir de Trémobian, en la commune de Guipronvel et par extension en celles de Coat-Méal et de Plouguin, comprenait la maison d’habitation, la maison de garde avec les dépendances, les bois, terres et futaies. Suivaient les contenances. – La ferme, dite « Ar Vilin » (le moulin), une maison d’habitation avec dépendances, terres, bois et l’étang. Suivaient les superficies.
Près du château, il y avait un vivier dit de « Len ar Peskets » (l’étang des poissons). Le pigeonnier se situait à 250 mètres au Sud-Ouest dans un champ cadastré en 1830 sous l’appellation « Park ar C’houldry » (le champ du pigeonnier). A noter que les colombiers étaient mal supportés par les agriculteurs ; ils réclamèrent leur suppression dans les cahiers de doléance en 1789 : « Que l’on détruise les colombiers, d’où résulte pour la moisson le préjudice le plus évident ».
Castel ar Menez Bras ou Ar C’hastel Bras
En ce qui concerne « Ménez Bras »… D’après le Rentier de 1544 (inventaire ordonné par François 1er en 1538), repris dans un livre de 1984 « Les biens de la couronne dans la sénéchaussée de Brest et de Saint Renan », il est mentionné : « Cette montaigne, appelée Guypronvel, en la paroisse de Milizac, appartenait au Noble et Puissant Claude Seigneur du Chastel, vicomte de Pommerit. Cette montaigne, qui contenait environ 200 journaux* de terre, s’étendait depuis le devant des villaiges de Guypronvel et Taulen jusqu’au manoir de Taoulhabihan ». Aux cadastres de 1830, au remembrement, c’est toute la colline entre Kerline, Milin Vian, Lannuel et Keraoutrou. * Un journal équivaut à ½ hectare.
Maints textes et documents font mention de « Menez ar c’hastel bras », de « Castel ar ménez bras », « Ar c’hoz castel », « ar c’hoz castellou ». Cependant, entre 1400 et 1789, aucun ne donne des précisions sur ses propriétaires, sur ses occupants ou sur l’étendue du domaine. Tout porte à croire que le château était déjà en ruines en cette période, hypothèse que semble confirmer l’adjectif « c’hoz » (vieux) placé devant le nom « castel » (château). En outre, en langue bretonne, l’adjectif placé devant le nom révèle quelque chose de très ancien. Quant à la localisation précise du château, elle est donnée par les cadastres antérieurs au remembrement. En effet, les appellations de parcelles proches au point d’intersection de la route de Lannuel avec le CD3, mentionnent leur relation avec un château. Des témoignages dignes de foi attestent d’autre part que lors du remembrement de grosses quantités de pierres furent déblayées de cet endroit. Le « Castel ar menez bras » (le château de la grande colline) était bien situé au point culminant de cette colline et jouissait d’un panorama dominant toute la région (altitude 76m).
Manoir de Guipronvel ou « Maner ar C’hastel »
« Le Manoir du Château » situé à la sortie du bourg de Guipronvel sur la route de Plouguin, appartenait selon toute vraisemblance à une branche cadette de Trémobian. Des documents de référence s’étalant de 1463 à 1780, attestent que des de Kergadiou, des seigneurs de Trémobian et de Maisonfort en ont été propriétaires.
Pour l’anecdote…Les textes relatifs à ce manoir du bourg signalent que Coat-Douen à l’orée du bois de l’ermitage de Saint Ronvel (saint patron secondaire de la paroisse), était désigné par « Menez Bihan sant Eloc » (la petite colline de Saint Eloc), tandis que la route du bourg à Landrézéoc portait curieusement l’appellation de « Strahet ar an aïnès » (chemin des canailles, des fripons, des voyous). Ainsi, en bordure de la route, le bois toujours présent de « Coat-fall » (le bois dangereux, mauvais) signifie que l’on pouvait rencontrer les indésirables : canailles, brigands, voleurs, et autres individus peu recommandables.
Manoir de Kerguélen, ou Kergu
Mentionné à plusieurs reprises dans les archives de Milizac, ce manoir n’a pas livré grand-chose de son passé. Son nom peut avoir deux origines : la plus vraisemblable proviendrait du lieu lui-même, Kerguélen pouvant signifier l’endroit où abonde le houx (« her », village ; « guellen, hellen ou elen », houx) ; la seconde viendrait du nom de son premier propriétaire, Kerguélen, famille noble au nom jadis répandu en Bretagne.
En 1414, « Kerguhellen » figure dans les archives de Bernard de Guipronvel. Les différents cadastres confortent l’existence d’un manoir comme l’attestent les noms de certaines parcelles. Aujourd’hui, ce lieu est occupé par une importante pépinière.
Manoir de Kerébell ou Kerébel
Selon l’ordonnance de Monseigneur le Duc de Chaulnes, gouverneur de Bretagne, du 22 Juillet 1674, il est stipulé : « le manoir, loué 240 livres à Yann Labbé, est fief du Chastel et appartient à demoiselle Anne de Rosier, demeurant au Manoir du bourg de Guipronvel, paroisse de Milizac . Cette demoiselle est veuve d’Ecuyer Yann de Kergadiou, sieur de Saint-Rovel ». A l’époque, les veuves reprenaient la qualité de demoiselle.
Manoir de Kerhoulleau , Kerhoulo ou Kerhouleau, jadis Kergolleau
Un écrit du 27 Août 1637 souligne que la seigneurie de Kgolleau appartenait à Messire Jean Baron de Nevet. Le vieux manoir, démoli en 1973, avait fière allure avec ses six portes cintrées, ses fenêtres à meneaux, ses meurtrières de défense dans l’escalier à vis, ses grandes cheminées en pierres de taille, sa tourelle extérieure de guet. Une légende prétendait qu’un souterrain le reliait à Keroulac’h, ancienne demeure seigneuriale sur Tréouergat. Un document de 1415 l’atteste.
Quinquis, Kerioualarze , Keroualar. De la même ordonnance de Monseigneur le Duc de Chaulnes, il est mentionné : « ce domaine qui est tenu en ferme par Yvon Guillart pour 9 livres 12 sols, appartient au sieur de Kerroc’hic demeurant au manoir du même nom en Plouyen (ancienne orthographe de Plouvien), évêché de Léon ».