Emilie Provost, médecin généraliste, était venue témoigner en mai de son expérience au sein d’un dispensaire à Mayotte en 2024. De retour à Mayottte depuis juillet dernier, après le passage du cyclone Chido, elle témoigne…

Arrivée à Dzoumogné

Une pensée pour Milizac-Guipronvel quelques mois après mon passage par la médiathèque courant mai. J’ai retrouvé mes marques à Mayotte début juillet, toujours au dispensaire nord de Dzoumogné, ainsi que dans notre maison jaune. J’avais les pétoches de la façon dont j’allais retrouver l’île, quelques mois après le passage du cyclone, mais ça repart… Les arbres repoussent : les bananiers à une vitesse grand V ! Les manguiers ont beaucoup souffert et quelques fruits commencent tout juste à apparaître sur leurs branches, et les cocotiers de leur côté sont encore très décoiffés… Mais ça pousse : bientôt la saison des pluies, j’ai hâte de retrouver la verdure luxuriante de Mayotte !

Les dégâts matériels concernant les maisons individuelles sont toujours bien visibles

Les dégâts matériels concernant les maisons individuelles sont toujours bien visibles : nombreuses sont les maisons sans toit, ou bâchées, des tas de tôle sont encore accumulés par endroit sur le bord de la route… Aussi, un nouveau commerce a vu le jour depuis le chido : celui des stations de lavage de voiture chez les particuliers ! En effet, aucune station n’a résisté au cyclone sur l’île… Et leurs ruines persistent aux abords des routes… En ce qui concerne les bâtiments publics, les choses avancent : les routes sont reconstruites !

Notre dispensaire n’a pas souffert du cyclone, et la rentrée scolaire a pu avoir lieu.
Les écoliers se partagent encore les journées entre matin et après-midi, mais ça s’arrange !
Bon ce qui ne s’arrange pas ce sont nos conditions de travail… Les plus gros containers détruits au port lors du cyclone étaient ceux du centre hospitalier et le magasin de matériel et de médicaments a perdu son toit. Ainsi pendant un certain temps les médicaments ont dû être livrés sans leurs boites… De plus, il y a quelques semaines, un des magasins fournisseur de l’hôpital a été dévalisé. Nous voilà donc en train d’affronter une épidémie de gastro sans essuie main ni papier de toilette…

Docteur, t’es toute rouge, prends donc un morceau d’orange ça va calmer tes nerfs

Heureusement qu’il y a encore ça : le groupe, le partage, au travail et au café sur le bord de la route au petit matin après une nuit de boulot et avant d’aller me coucher…
C’est vrai que ce n’est pas toujours facile ici, mais c’est important… J’aime toujours autant ce rapport aux gens, à la vie, à Dieu, à l’autre, à celui à qui je ressemble et celui qui est différent. Du coup dans les moments un peu compliqués, c’est à eux que je pense, et je continue d’avancer…. »